🔄 Article mis à jour le 9 août 2025
Phénomène avec des spécificités thaïlandaises, mais s’inscrivant dans un contexte plus large où des identités de genre diverses existent à travers l’Asie, y compris l’asie du sud, les ladyboys – ou kathoeys – occupent une place singulière dans la société thaïlandaise. Entre tradition, modernité et quête de reconnaissance, leur histoire fascine autant qu’elle interroge. Qui sont ces personnes au cœur d’une culture où les frontières du genre se redessinent ? Découvrez leur quotidien, leurs défis, leurs droits et leur rôle dans la culture thaïlandaise à travers ce guide complet.
Comprendre leur rôle et leur culture dans la société Thaïlandaise
La curiosité entoure souvent l’univers des ladyboys en Thaïlande, ce qui peut créer des malentendus. Saviez-vous que la Thaïlande a l’un des taux les plus élevés de personnes transgenres dans le monde ? Cet article vise à éclaircir le mystère des kathoeys et à améliorer la compréhension de leur place dans la société thaïlandaise.
Points clés à retenir
- Les ladyboys, ou kathoeys, sont considérés comme un troisième genre et font partie intégrante de la culture thaïlandaise, avec une histoire qui remonte à des siècles, notamment visibles dans des villes comme Pattaya.
- Leur visibilité est forte dans la culture populaire (cabarets, concours), mais leur intégration professionnelle et sociale fait face à des défis, malgré des réussites inspirantes dans tous les domaines.
- La Thaïlande a fait un pas de géant pour les droits LGBTQ+ avec la légalisation du mariage pour tous, effective depuis janvier 2025, mais la reconnaissance légale du genre reste le prochain grand combat.
Comprendre le terme « Ladyboy »
Dans l’univers complexe des identités de genre, le terme « Ladyboy » évoque une réalité spécifique à la culture thaïlandaise. On utilise le terme pour mieux appréhender la diversité du spectre transgenre en Thaïlande. Il est important de noter que, bien que très répandu notamment auprès des étrangers, ce terme peut être perçu comme réducteur ou fétichisant par certaines personnes de la communauté, qui préfèrent le terme thaï « kathoey » ou, dans un contexte international, « femme transgenre ».
Kathoey en Thaïlande
Les Kathoeys, ou ‘ladyboys’, sont reconnus comme un troisième genre en Thaïlande, distinct des hommes et des femmes cisgenres. Leur présence remonte à des siècles et s’entrelace avec les traditions et croyances locales. Leur visibilité est accrue grâce à des événements comme le concours Miss Tiffany Universe, qui offre une plateforme de reconnaissance. Les changements médicaux (hormonothérapie, chirurgie esthétique ou de réassignation sexuelle) sont relativement accessibles, favorisant leur acceptation sociale, surtout dans les métropoles.
Ladyboy, transgenre et 3e sexe : quelle différence ?
Un ladyboy (ou kathoey) désigne une personne assignée garçon à la naissance qui adopte une identité féminine, notion souvent assimilée au troisième genre en Thaïlande. Le terme transgenre est plus large et englobe toutes les personnes dont l’identité de genre diffère du sexe assigné à la naissance. Le « 3e sexe » fait référence à une reconnaissance sociale d’une catégorie de genre en dehors du masculin et du féminin. En Thaïlande, cette reconnaissance se traduit par une visibilité et une acceptation accrues, surtout dans les grandes villes.
Leur présence en Thaïlande
La Thaïlande est reconnue pour sa communauté de kathoeys, une présence visible qui témoigne de la diversité culturelle et sociale du pays.
L’influence du bouddhisme Thaï sur la perception des transgenres
Le bouddhisme, religion d’État en Thaïlande, influence profondément la perception des transgenres dans la société. Il prône la tolérance et la compassion, jouant un rôle clé dans l’acceptation des Kathoeys. Les enseignements de Bouddha encouragent à dépasser les jugements superficiels, ce qui contribue à moins de stigmatisation par rapport à d’autres cultures. Les moines bouddhistes promeuvent des valeurs d’inclusion et de non-violence, et l’exemption quasi systématique des Kathoeys du service militaire témoigne de leur intégration sociale.
Leur nombre important en Thaïlande
La Thaïlande compte une population de kathoeys particulièrement visible, aussi bien dans les zones rurales que dans les grandes villes. Beaucoup travaillent dans le divertissement, la beauté ou le tourisme, notamment dans les célèbres cabarets. Leur reconnaissance croissante reflète une tolérance culturelle, même si leur situation reste complexe avec des défis sociaux et économiques.
📊 Chiffres-clés sur les Kathoeys en Thaïlande
- 🌍 Environ 300 000 à 400 000 personnes transgenres vivent en Thaïlande (estimation non officielle).
- 👩⚕️ Plus de 80 cliniques spécialisées proposent des services de transition.
- 📺 La Thaïlande est l’un des pays asiatiques où les personnes trans sont le plus visibles dans les médias.
- 📑 0 % de reconnaissance légale du changement de sexe à ce jour.
Acceptation sociale et visibilité
En Thaïlande, les kathoeys bénéficient d’une visibilité accrue, soutenue par une forte acceptation sociale. Une enquête Ipsos de 2025 a révélé que 50% des Thaïlandais soutiennent la participation des athlètes transgenres dans les compétitions correspondant à leur identité, un chiffre bien supérieur à la moyenne mondiale. Cette visibilité dans les médias et la vie publique contribue à briser les stéréotypes, même si des défis d’intégration persistent, notamment en dehors des grandes villes.
Parcours et transition des Kathoeys
Le parcours des Kathoeys est marqué par la découverte de soi, la transition médicale et sociale, puis l’intégration professionnelle ou médiatique, souvent entravée par des obstacles administratifs.
📍 Parcours type d’une Kathoey thaïlandaise
- 🧒 Naissance assignée garçon
- 🎭 Découverte de soi à l’adolescence
- 💊 Transition médicale et sociale (hormonothérapie, affirmation de l’identité, interventions médicales selon les besoins)
- 📚 Études ou entrée dans le monde professionnel
- 📸 Visibilité sociale ou médiatique (cabaret, concours, réseaux)
- 🧾 Obstacles administratifs et reconnaissance légale absente
« J’ai commencé à prendre des hormones à 15 ans en secret. Ce n’était pas facile tous les jours, mais c’était la première fois que je me reconnaissais dans le miroir. »
— Nam, 26 ans, Bangkok
Transition médicale, santé et défis professionnels
La transition inclut généralement une hormonothérapie et, selon les moyens, diverses interventions chirurgicales (vaginoplastie, féminisation faciale, etc.). Le coût de ces interventions représente un défi financier. Face à ces obstacles, certaines kathoeys se tournent vers des métiers marginaux, soulignant l’importance d’une meilleure intégration professionnelle.
« Je suis allée à l’université et j’ai obtenu un diplôme en comptabilité. Mais même avec mon diplôme, les employeurs n’arrêtaient pas de me rejeter. J’ai fini par travailler dans un salon de coiffure, mais le salaire ne suffisait pas, alors j’ai dû envisager d’autres options. »
— Earth, 29 ans, Chonburi
Beaucoup de kathoeys, malgré leur formation, se heurtent à la discrimination à l’embauche et à la précarité. Si certaines trouvent des opportunités dans les salons de beauté, l’hôtellerie ou le divertissement, de plus en plus de figures émergent dans d’autres domaines, brisant les stéréotypes. On peut citer l’exemple de Pauline Ngarmpring, une femme politique transgenre qui a été candidate au poste de Premier ministre, ou de nombreuses femmes d’affaires et influenceuses.
Défis économiques et réalités de la vie nocturne
Cette précarité économique et la discrimination à l’embauche poussent cependant certaines femmes transgenres, en particulier dans les grands centres touristiques, vers des métiers de la nuit. Cette situation peut créer des tensions, comme en témoignent des altercations médiatisées en 2025 à Bangkok concernant des conflits de territoire liés au travail du sexe. Cela souligne que malgré une plus grande visibilité, les défis pour une intégration économique stable et sécurisée persistent.
Les défis dépassent le seul cadre de l’emploi formel. En milieu rural, certaines personnes transgenres subissent un ostracisme plus marqué, tandis que dans les nouveaux métiers de l’économie numérique, comme la livraison de repas, des livreurs transgenres rapportent des discriminations de la part des clients qui affectent leurs revenus.
Témoignage : « J’ai toujours rêvé d’être enseignante, mais aucune école ne voulait m’embaucher à cause de mon apparence. Finalement, j’ai ouvert mon propre salon de manucure. »
— Pim, 34 ans, Chiang Mai
Accès à la santé et santé mentale
Début 2025, le gouvernement thaïlandais a franchi une étape significative en allouant un budget de 145 millions de bahts pour subventionner les traitements hormonaux pour environ 200 000 personnes, ainsi que des services de prévention (VIH, etc.), de suivi médical et de soutien psychologique. Malgré ces avancées, l’accès aux soins spécialisés reste inégal, surtout en dehors des grandes villes. Beaucoup de personnes trans doivent encore financer elles-mêmes leur transition ou recourir à des circuits non officiels, ce qui peut mettre leur santé en danger.
Les discriminations et le manque de reconnaissance légale ont aussi un impact sur la santé mentale, avec un taux de dépression et d’anxiété supérieur à la moyenne. Plusieurs associations thaïlandaises offrent désormais des espaces d’écoute et de soutien psychologique pour accompagner les kathoeys dans leur parcours.
En savoir plus : La Thaïlande consacre 145 millions de bahts à la santé des personnes transgenres
Vie quotidienne et intégration
Les kathoeys bénéficient d’une exemption du service militaire, ce qui leur permet de se concentrer sur leur développement personnel. Elles exercent des métiers variés et peuvent vivre leur identité plus librement dans les grandes villes, même si la tolérance reste inégale selon les régions.
« Dans mon quartier, tout le monde me connaît et m’accepte. Mais dès que je sors de la ville, je sens que les regards changent. Il faut du courage pour rester soi-même partout. »
— May, 27 ans, Bangkok
État des lieux juridique et évolution des droits civiques
Une avancée historique : le mariage pour tous
En 2024, la Thaïlande est devenue le premier pays d’Asie du Sud-Est à légaliser le mariage pour tous, une loi historique entrée en vigueur le 22 janvier 2025. Cette avancée pour la communauté LGBTQ+ garantit des droits en matière d’héritage, d’adoption et de prise de décision médicale pour les couples de même sexe. Si cette loi est un signal de progrès immense, elle ne résout pas la question de la reconnaissance du genre.
Changement légal de genre : une reconnaissance encore absente
Malgré une certaine tolérance et l’avancée du mariage pour tous, la Thaïlande ne permet toujours pas le changement de genre sur les documents officiels. Cela crée des complications quotidiennes (emploi, banque, voyages) et expose les kathoeys à la stigmatisation et à la discrimination.
Un projet de loi attendu pour la reconnaissance du genre
Dans le sillage de la loi sur le mariage, les organisations LGBTQ+ et une partie de la classe politique poussent activement pour que le projet de loi sur l’identité de genre soit la prochaine grande réforme. Déposé en 2023, ce projet vise une procédure d’autodétermination sans chirurgie obligatoire et fait l’objet de discussions au Parlement, représentant le principal combat actuel pour une pleine égalité.
« Nous ne voulons pas être tolérées. Nous voulons être respectées, avec les mêmes droits et la même dignité. »
— June Charoen, militante trans thaïlandaise
Lois anti-discrimination : des avancées timides
La loi sur l’égalité des sexes de 2015 interdit la discrimination liée à l’identité de genre, mais son application reste limitée, notamment en milieu rural.
Une société civile mobilisée
ONG, activistes et artistes, ainsi que des concours comme Miss Tiffany Universe, contribuent à faire évoluer les mentalités. Cet enjeu a été au cœur de la Trans Pride Thailand en juin 2025, un événement majeur qui a rassemblé plus de 40 organisations pour faire pression sur le gouvernement en faveur de la reconnaissance légale du genre. Cet élan s’inscrit dans une ambition plus large, la ville de Bangkok ayant officiellement lancé sa candidature pour accueillir la WorldPride en 2030, visant à se positionner comme un leader mondial de l’inclusion LGBTQ+.
Kathoeys et culture populaire
Les Kathoeys sont des icônes du divertissement thaïlandais, en particulier dans les cabarets et les concours de beauté.
Le concours Miss Tiffany Universe & cabarets
Ambiance animée de la vie nocturne à Bangkok
Organisé chaque année à Pattaya, le concours Miss Tiffany Universe célèbre la beauté et le talent des femmes transgenres thaïlandaises. En mars 2025, il a couronné Priyakorn « Androy » Phornphrom, une enseignante d’art, démontrant la diversité des parcours des participantes. Parallèlement, les spectacles de cabaret, célèbres à Bangkok, Pattaya ou Phuket, sont devenus un symbole d’acceptation et de diversité, offrant des opportunités d’emploi et contribuant à l’intégration sociale.
Conseils de comportement avec les kathoeys
Respectez toujours les kathoeys comme toute personne, en évitant tout comportement discriminatoire ou commentaire blessant. Utilisez leur nom choisi et les pronoms appropriés, et évitez les stéréotypes : leur diversité mérite d’être reconnue et appréciée.
Lieux de visibilité et de vie sociale
Ambiance festive et éclat de la vie nocturne. Photo : Asianmma
On peut voir des kathoeys dans les cabarets (Bangkok, Pattaya, Phuket), mais aussi dans les bars, clubs spécialisés et salons de beauté des grandes villes. Beaucoup exercent également des métiers ordinaires dans divers secteurs.
Conclusion
La dynamique culturelle thaïlandaise favorise une visibilité unique des kathoeys, qui contribuent à la diversité du pays. Leur parcours, entre accomplissements et défis, inspire et rappelle l’importance d’une société inclusive. Malgré la formidable victoire du mariage pour tous, la reconnaissance légale du genre reste le principal combat pour l’égalité des droits. L’absence de changement d’état civil sur les documents officiels continue de limiter l’accès à l’emploi et à la protection contre la discrimination, rendant la mobilisation des activistes essentielle pour garantir une égalité réelle.
FAQ
1. Qui sont les kathoeys en Thaïlande ?
Les kathoeys, ou ladyboys, sont des femmes trans ou personnes s’identifiant au genre féminin, souvent désignées ainsi et reconnues dans la société thaïlandaise pour leur identité de genre.
2. Comment la religion influence-t-elle leur perception en Thaïlande ?
Le bouddhisme prône la tolérance, ce qui contribue à une certaine acceptation sociale, malgré quelques résistances.
3. Sont-elles confrontées à des problèmes de santé spécifiques ?
Oui, notamment liés à la transition (hormonothérapie, interventions chirurgicales) et à la précarité économique. L’accès aux soins spécialisés, la santé mentale et l’accompagnement psychologique restent des enjeux importants, même si des progrès récents ont été faits avec la création de services dédiés.
4. Ont-elles le droit de changer légalement leur genre en Thaïlande ?
Non, la législation actuelle ne permet pas le changement de genre sur les documents officiels. C’est le prochain grand enjeu législatif après la loi sur le mariage pour tous, et au cœur des revendications des activistes en 2025.
5. Où peut-on les voir en Thaïlande ?
Dans les cabarets, bars, clubs, salons de beauté et dans divers secteurs professionnels, surtout dans les grandes villes.
Mini-glossaire
- Kathoey : Terme thaïlandais désignant une femme transgenre ou, plus largement, une personne assignée garçon à la naissance qui adopte une identité féminine. Parfois traduit par « ladyboy ».
- Cisgenre : Personne dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance.
- Transgenre : Personne dont l’identité de genre diffère du sexe assigné à la naissance.
- Transition : Parcours médical, social ou administratif permettant à une personne trans de faire correspondre son apparence ou son statut à son identité de genre.
- Non-binaire : Personne dont l’identité de genre ne correspond ni strictement à « homme » ni à « femme ».