Ladyboys en Thaïlande : culture, identité, droits et vie quotidienne

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By Rédaction Portail Asie

Phénomène avec des spécificités thaïlandaises, mais s’inscrivant dans un contexte plus large où des identités de genre diverses existent à travers l’Asie, y compris l’asie du sud, les ladyboys – ou kathoeys – occupent une place singulière dans la société thaïlandaise. Entre tradition, modernité et quête de reconnaissance, leur histoire fascine autant qu’elle interroge. Qui sont ces personnes au cœur d’une culture où les frontières du genre se redessinent ? Découvrez leur quotidien, leurs défis, leurs droits et leur rôle dans la culture thaïlandaise à travers ce guide complet.

Comprendre leur rôle et leur culture dans la société Thaïlandaise

La curiosité entoure souvent l’univers des ladyboys en Thaïlande, ce qui peut créer des malentendus. Saviez-vous que la Thaïlande a l’un des taux les plus élevés de personnes transgenres dans le monde ? Cet article vise à éclaircir le mystère des ladyboys et à améliorer la compréhension de leur place dans la société thaïlandaise.

Points clés à retenir

  • Les ladyboys, ou kathoeys, sont considérés comme un troisième genre et font partie intégrante de la culture thaïlandaise, avec une histoire qui remonte à des siècles, notamment visibles dans des villes comme Pattaya.
  • Leur visibilité est forte dans les grandes villes et dans la culture populaire (cabarets, concours de beauté), mais ils font face à des défis sociaux, économiques et juridiques.
  • Le bouddhisme thaïlandais favorise une certaine tolérance, mais la reconnaissance légale du genre reste absente.

Comprendre le terme « Ladyboy »

Dans l’univers complexe des identités de genre, le terme « Ladyboy » évoque une réalité spécifique à la culture thaïlandaise. On utilise le terme pour mieux appréhender la diversité du spectre transgenre en Thaïlande.

Kathoey en Thaïlande

Soi Cowboy la nuit à Bangkok avec des enseignes au néon pour des bars de ladyboys
L’atmosphère électrique de Soi Cowboy à Bangkok la nuit.… Les Kathoeys, ou ‘ladyboys’, sont reconnus comme un troisième genre en Thaïlande, distinct des hommes et des femmes cisgenres. Leur présence remonte à des siècles et s’entrelace avec les traditions et croyances locales. Leur visibilité est accrue grâce à des événements comme le concours Miss Tiffany Universe, qui offre une plateforme de reconnaissance. Les changements médicaux (hormonothérapie, chirurgie esthétique ou de réassignation sexuelle) sont relativement accessibles, favorisant leur acceptation sociale, surtout dans les métropoles.

Ladyboy, transgenre et 3e sexe : quelle différence ?

Un ladyboy (ou kathoey) désigne une personne assignée garçon à la naissance qui adopte une identité féminine, notion souvent assimilée au troisième genre en Thaïlande. Le terme transgenre est plus large et englobe toutes les personnes dont l’identité de genre diffère du sexe assigné à la naissance. Le « 3e sexe » fait référence à une reconnaissance sociale d’une catégorie de genre en dehors du masculin et du féminin. En Thaïlande, cette reconnaissance se traduit par une visibilité et une acceptation accrues, surtout dans les grandes villes.

Leur présence en Thaïlande

La Thaïlande est reconnue pour sa communauté de Ladyboys, une présence visible qui témoigne de la diversité culturelle et sociale du pays.

L’influence du bouddhisme Thaï sur la perception des transgenres

Le bouddhisme, religion d’État en Thaïlande, influence profondément la perception des transgenres dans la société. Il prône la tolérance et la compassion, jouant un rôle clé dans l’acceptation des Kathoeys. Les enseignements de Bouddha encouragent à dépasser les jugements superficiels, ce qui contribue à moins de stigmatisation par rapport à d’autres cultures. Les moines bouddhistes promeuvent des valeurs d’inclusion et de non-violence, et l’exemption quasi systématique des Kathoeys du service militaire témoigne de leur intégration sociale.

Leur nombre important en Thaïlande

La Thaïlande compte une population de ladyboys particulièrement visible, aussi bien dans les zones rurales que dans les grandes villes. Beaucoup travaillent dans le divertissement, la beauté ou le tourisme, notamment dans les célèbres cabarets. Leur reconnaissance croissante reflète une tolérance culturelle, même si leur situation reste complexe avec des défis sociaux et économiques.

📊 Chiffres-clés sur les Ladyboys en Thaïlande

  • 🌍 Environ 300 000 à 400 000 personnes transgenres vivent en Thaïlande (estimation non officielle).
  • 👩‍⚕️ Plus de 80 cliniques spécialisées proposent des services de transition.
  • 📺 La Thaïlande est l’un des pays asiatiques où les personnes trans sont le plus visibles dans les médias.
  • 📑 0 % de reconnaissance légale du changement de sexe à ce jour.

Acceptation sociale et visibilité

En Thaïlande, les ladyboys bénéficient d’une visibilité accrue dans les grandes villes, où ils occupent des postes variés et sont représentés dans les médias. Cette exposition contribue à briser les stéréotypes et à normaliser la présence des transgenres dans la société thaïlandaise, même si des défis d’acceptation persistent.

Parcours et transition des Ladyboys

Le parcours des Ladyboys est marqué par la découverte de soi, la transition médicale et sociale, puis l’intégration professionnelle ou médiatique, souvent entravée par des obstacles administratifs.

📍 Parcours type d’une Ladyboy thaïlandaise

  1. 🧒 Naissance assignée garçon
  2. 🎭 Découverte de soi à l’adolescence
  3. 💊 Transition médicale et sociale (hormonothérapie, affirmation de l’identité, interventions médicales selon les besoins)
  4. 📚 Études ou entrée dans le monde professionnel
  5. 📸 Visibilité sociale ou médiatique (cabaret, concours, réseaux)
  6. 🧾 Obstacles administratifs et reconnaissance légale absente

« J’ai commencé à prendre des hormones à 15 ans en secret. Ce n’était pas facile tous les jours, mais c’était la première fois que je me reconnaissais dans le miroir. »
Nam, 26 ans, Bangkok

Transition médicale, santé et défis professionnels

La transition inclut généralement une hormonothérapie et, selon les moyens, diverses interventions chirurgicales (vaginoplastie, féminisation faciale, etc.). Parmi ces interventions, la chirurgie esthétique visant à accentuer ou réduire les pommettes saillantes est particulièrement courante, car elle permet d’affiner les traits du visage et d’obtenir une apparence plus féminine ou harmonieuse. Le coût de ces interventions représente un défi financier. Face à ces obstacles, certaines ladyboys se tournent vers des métiers marginaux, soulignant l’importance d’une meilleure intégration professionnelle.

« Je suis allée à l’université et j’ai obtenu un diplôme en comptabilité. Mais même avec mon diplôme, les employeurs n’arrêtaient pas de me rejeter. J’ai fini par travailler dans un salon de coiffure, mais le salaire ne suffisait pas, alors j’ai dû envisager d’autres options. »
Earth, 29 ans, Chonburi

Beaucoup de ladyboys, malgré leur formation, se heurtent à la discrimination à l’embauche et à la précarité. Certaines trouvent des opportunités dans les salons de beauté, l’hôtellerie ou les réseaux sociaux, mais l’accès à des carrières traditionnelles reste limité.
Témoignage : « J’ai toujours rêvé d’être enseignante, mais aucune école ne voulait m’embaucher à cause de mon apparence. Finalement, j’ai ouvert mon propre salon de manucure. »
Pim, 34 ans, Chiang Mai

Accès à la santé et santé mentale

Depuis 2025, la Thaïlande consacre un budget spécifique à la santé des personnes transgenres, finançant notamment les traitements hormonaux pour environ 200 000 personnes, ainsi que des services de prévention, de suivi médical et de soutien psychologique. Malgré ces avancées, l’accès aux soins spécialisés reste inégal, surtout en dehors des grandes villes…. Beaucoup de personnes trans doivent encore financer elles-mêmes leur transition ou recourir à des circuits non officiels, ce qui peut mettre leur santé en danger.
Les discriminations et le manque de reconnaissance légale ont aussi un impact sur la santé mentale, avec un taux de dépression et d’anxiété supérieur à la moyenne. Plusieurs associations thaïlandaises offrent désormais des espaces d’écoute et de soutien psychologique pour accompagner les ladyboys dans leur parcours.
En savoir plus : La Thaïlande consacre 145 millions de bahts à la santé des personnes transgenres

Vie quotidienne et intégration

Les ladyboys bénéficient d’une exemption du service militaire, ce qui leur permet de se concentrer sur leur développement personnel. Elles exercent des métiers variés et peuvent vivre leur identité plus librement dans les grandes villes, même si la tolérance reste inégale selon les régions.

« Dans mon quartier, tout le monde me connaît et m’accepte. Mais dès que je sors de la ville, je sens que les regards changent. Il faut du courage pour rester soi-même partout. »
May, 27 ans, Bangkok

État des lieux juridique et évolution des droits civiques

Changement légal de genre : une reconnaissance encore absente

Malgré une certaine tolérance, la Thaïlande ne permet pas le changement de genre sur les documents officiels. Cela crée des complications dans la vie quotidienne et expose les ladyboys à la stigmatisation et à la discrimination.

Un projet de loi attendu pour la reconnaissance du genre

Des organisations LGBTQ+ militent pour une loi permettant le changement de genre légal sans chirurgie obligatoire. En 2023, un projet de loi a été déposé au Parlement, visant une procédure d’autodétermination.

« Nous ne voulons pas être tolérées. Nous voulons être respectées, avec les mêmes droits et la même dignité. »
June Charoen, militante trans thaïlandaise

Lois anti-discrimination : des avancées timides

La loi sur l’égalité des sexes de 2015 interdit la discrimination liée à l’identité de genre, mais son application reste limitée, notamment en milieu rural.

Une société civile mobilisée

ONG, activistes et artistes, ainsi que des concours comme Miss Tiffany Universe, contribuent à faire évoluer les mentalités, surtout chez les jeunes générations.

Ladyboys et culture populaire

Les Ladyboys sont des icônes du divertissement thaïlandais, en particulier dans les cabarets et les concours de beauté.

Le concours Miss Tiffany Universe & cabarets

Néons colorés annonçant un bar de ladyboys à Bangkok
Ambiance animée de la vie nocturne à Bangkok

Organisé chaque année à Pattaya, le concours Miss Tiffany Universe célèbre la beauté et le talent des femmes transgenres thaïlandaises et offre aux gagnantes une visibilité nationale. Les spectacles de cabaret, célèbres à Bangkok, Pattaya ou Phuket, sont devenus un symbole d’acceptation et de diversité, offrant des opportunités d’emploi et contribuant à l’intégration sociale.

Conseils de comportement avec les ladyboys

Respectez toujours les ladyboys comme toute personne, en évitant tout comportement discriminatoire ou commentaire blessant. Utilisez leur nom choisi et les pronoms appropriés, et évitez les stéréotypes : leur diversité mérite d’être reconnue et appréciée.

Où les rencontrer en Thaïlande ?

Trois personnes souriantes en tenue de soirée noire posant pour une photo.
Ambiance festive et éclat de la vie nocturne. Photo : Asianmma

Pour rencontrer des ladyboys, on les trouve fréquemment visibles dans les cabarets (Bangkok, Pattaya, Phuket), mais aussi dans les bars, clubs spécialisés et salons de beauté des grandes villes. Beaucoup exercent également des métiers ordinaires dans divers secteurs.

Conclusion

La dynamique culturelle thaïlandaise favorise l’acceptation des ladyboys, qui contribuent à la diversité du pays. Leur parcours, entre défis et accomplissements, inspire et rappelle l’importance d’une société inclusive.
Enjeux juridiques : Malgré des avancées sociales et sanitaires, la reconnaissance légale du genre reste le principal combat pour l’égalité des droits. L’absence de changement d’état civil sur les papiers officiels limite encore l’accès à l’emploi, aux soins et à la protection contre la discrimination. La mobilisation des ONG et des activistes reste essentielle pour faire évoluer la législation et garantir une égalité réelle pour toutes et tous.

FAQ

1. Qui sont les ladyboys en Thaïlande ?

Les ladyboys, ou kathoeys, sont des femmes trans ou personnes s’identifiant au genre féminin, souvent désignées ainsi et reconnues dans la société thaïlandaise pour leur identité de genre.

2. Comment la religion influence-t-elle leur perception en Thaïlande ?

Le bouddhisme prône la tolérance, ce qui contribue à une certaine acceptation sociale, malgré quelques résistances.

3. Sont-ils confrontés à des problèmes de santé spécifiques ?

Oui, notamment liés à la transition (hormonothérapie, interventions chirurgicales) et à la précarité économique. L’accès aux soins spécialisés, la santé mentale et l’accompagnement psychologique restent des enjeux importants, même si des progrès récents ont été faits avec la création de services dédiés.

4. Ont-ils le droit de changer légalement leur genre en Thaïlande ?

Non, la législation actuelle ne permet pas le changement de genre sur les documents officiels.

5. Où peut-on les rencontrer en Thaïlande ?

Dans les cabarets, bars, clubs, salons de beauté et dans divers secteurs professionnels, surtout dans les grandes villes.

Mini-glossaire

  • Kathoey : Terme thaïlandais désignant une femme transgenre ou, plus largement, une personne assignée garçon à la naissance qui adopte une identité féminine. Parfois traduit par « ladyboy ».
  • Cisgenre : Personne dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance.
  • Transgenre : Personne dont l’identité de genre diffère du sexe assigné à la naissance.
  • Transition : Parcours médical, social ou administratif permettant à une personne trans de faire correspondre son apparence ou son statut à son identité de genre.
  • Non-binaire : Personne dont l’identité de genre ne correspond ni strictement à « homme » ni à « femme ».

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